Nous venons d’arriver à Kupang sur l’île de Timor.
C’est là que nous allons essayer de faire les formalités d’entrée en Indonésie…
Mais avant tout, nous traînons notre antenne de cyber voyageur…
Il n’est pourtant pas si loin le temps où l’on se ruait vers le guichet de la poste restante pour avoir des nouvelles en papier…
Connexion ? YES !
Un grand moment, comme à chaque escale, nous retrouvons les amis, la famille… tout ce manque, qui mine souvent l’esprit des voyageurs.
Mais cette connexion là, à Kupang, dans cette petite ville du fond de l’Indonésie, un peu cracra, un peu déglingue, tellement vivante, et souriante, l’Asie par son petit bout du bout du Sud Sud Est, cette connexion là, on s’en souviendra longtemps, car c’est une belle petite avalanche de messages des 4 coins de France, message de remerciements, d’encouragements, de gratitude, de gentillesse…
« Et de gens qu’on connait même pas ! »
Bref, beaucoup d’émotion à bord de Tiloune…
Et c’est très intimidé que je vais essayer de continuer à donner des nouvelles.
En commençant par ce grand merci pour tous ces petits mots chaleureux, petits mots collés… sur notre porte.
Du coup je vous raconte vite fait notre traversée :
Nous avons donc quitté Port Moresby le 7 juin au soir (le plus vite possible…)
Bonne météo, mer correcte, cap sur le fameux détroit de Torres.
180 milles plus loin, juste avant l’aube du 9 juin, nous reconnaissons le phare de Bramble Cay qui balise l’entrée dans ce dédalle d’ilots, de récifs et de hauts fonds.
Une pensée émue pour nos prédécesseurs héroïques qui trouvèrent (ou pas) leur chemin dans ce champ de mines sans l’assistance du GPS.
Je me rappelle mes derniers atterrissages au sextant des années 90…
Voilà un endroit que je n’aurais pas aimé vivre, accroché seulement à mon estime, et à ce soleil qui tardait toujours à venir tant on en avait besoin…
Désormais, c’est trop fast.
On a même le radar qui nous permet de vérifier que la carte électronique est bien calée par rapport à la réalité.
Conditions bourgeoises et confortables, donc, pour passer ce détroit qui se prolonge quand même sur 150 milles.
La nuit suivante, à 2 heures du matin ce 10 juin 2011, nous débouchons du canal du prince de Galles qui marque la sortie du détroit. Trop facile.
Après, c’est tout droit, 1100 milles, cap à l’ouest, dans la mer d’Arafura.
Nous avons donc quitté le Pacifique, nous ne sommes pas encore dans l’Indien…
Zone de transit de la largeur de l’Australie, c’est pas moins qu’ils nous faudra pour tourner la page.
Une page de 3 années dans le Pacifique…
Un peu de vague à l’âme, car ce genre d’océan donne au voyage des allures intersidérales, des espaces infinis où l’on rencontre des petits princes sur leur cailloux, prenant soin de leur fleur.
Le lendemain, un peu plus loin, dans le golf de Carpentaria, le vague à l’âme, va se faire balayer par une lame de vague un peu teigneuse.
Le vent avait fraîchi toute la journée jusqu’à un bon 30 nœuds établi par le travers et cette petite mer intérieure a vite pris des allures de Méditerranée fâchée.
Mer courte et déferlante qui recouvre souvent le pont.
Bref, après les longues houles allongées du Pacifique, on s’est un peu fait surprendre, le capot de la descente ouvert.
Une belle déferlante franchit le bord, aplatit et déchire la capote (qui, il est vrai, commence un peu à fatiguer depuis 6 ans), remplit le cockpit, dévale la descente...
Résultat des courses, les couchettes des enfants trempées en profondeur, et le regard interrogatif de Marin, même pas inquiet :
« heu.. papa ?, chui trempé… »
Voilà, c’est tout, ce sera la seule aventure de cette nav.
Mais n’empêche que c’est quand même un rien galère de se faire encore une semaine dans le mouillé, le salé, car difficile de faire sécher sur le pont sans cesse sous les embruns…
Oui, mais on a eu la lune, avec nous, tout du long
Et le soleil aussi
Et le vent a molli s’orientant plus de l’arrière
Et Paco a assuré un quart à chaque nuit sur toute la durée du parcours (finalement les enfants qui grandissent ont quelques avantages)
Et les fichiers audio de lecture de Fred Vargas nous ont tenus en haleine (merci grand jean)
Et les matelas ont bien voulu finir par sécher
Et la capote fut vite rafistolée...
Une fin de nav aux petits oignons, et petite bonite.
Samedi 18 juin, nous embouquons le chenal entre Timor et Roti, et on mouille devant Kupang et voilà.
Encore une navigation qui aura assuré son rôle de sas de transition entre 2 mondes.
Les papous sont loin derrière dans le sillage qui lave, qui lave.
Nous sommes prêts, frais et dispos pour un tout autre voyage,
l’Asie, une autre galaxie.
Mais il nous reste moins de 4 semaines avant le RDV fatidique de Bali.
Programme à turborétrofulgures, donc, pour Tiloune :
Rinca – Komodo – Lombok – Bali –
On vous raconte dès qu’on retrouve un internet…
Encore un grand merci pour vos messages
Je vais répondre tranquillement à ceux qui nous ont questionnés
A bientôt
Les Tiloune
Ecole de croisière du Tiloune - Réunion Maurice à la voile -