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Je voulais faire un rapide un compte rendu de cette croisère mais Fred, l'un des participants, vient de me faire parvenir son récit..

En voici l'intégralité, avec quelques unes de ses photos:

 

Histoire de tourner, de tournées, de faire un tour.

L'idée est simple, tellement simple: aller à Maurice en partant de la Réunion. Tous les jours, de nombreux avions emmènent des centaines de voyageurs... Notre idée était un peu différente: rejoindre Maurice, joindre ces deux îles par la mer, par l'Océan;
Pourquoi? Parce que ce sont des îles, parce que le bateau est aussi un moyen de voyager, parce qu'un voilier c'est beau vu d'en haut, de face, de côté, de derrière et surtout quand on est dessus, quand on est à bord.

Après une journée de familiarisation avec le voilier: le Tiloune, il a vite été décidé de partir faire ce tour: aller à Maurice et revenir.

Il suffit, à ce moment-là, de "réserver" une date, un créneau d'une semaine, des vacances, ce fut vite trouvé pour nous: début mai!

Les préparatifs sont simples: un tour dans un magasin de sports pour trouver chaussures et autres vêtements de mer, un tour dans un supermarché où la principale question fut de savoir si l'on prenait un ou deux cubis de rouge... pour le reste, tout était simple: quelques boîtes (on y reviendra), des fruits, du pain, de la confiture, de la pâte à tartiner, des bonbons et des Carambars...

L'aventure peut commencer.

Une aventure est une suite de péripéties et de rebondissements, c'est ce qui constitue souvent la trame d'une histoire fictive ou réelle. Milan Kundera définit l'aventure comme une « découverte passionnée de l'inconnu ».

La nôtre d'aventure fut bien réelle, passionnée où l'inconnu pourrait être ce temps, le temps qui prend un autre sens au moment où nous sortons du chenal du Port à 4h ce dimanche matin. Ce temps infiniment plus perceptible au moment de longer la route du littoral, de hisser les voiles au large de St Denis, de voir disparaître petit à petit le phare de Ste Suzanne, de voir l'île que nous quittons, disparaître petit à petit dans la nuit qui nous a enveloppés sans que l'on s'en rende vraiment compte. Notre skipper nous avait pourtant prévenu en nous disant qu'il faudrait manger avant la nuit... On a mangé des saucisses-lentilles, l'une des boîtes choisies sans trop de conviction au supermarché la veille...

Le vent souffle un peu, c'est léger sur une mer calme mais un peu déformée, déformée aussi par ces premières heures d'obscurité, c'est le début des quarts: le principe est simple: à tour de rôle on s'habille un peu pour venir sur le pont surveiller la bonne avancée du bateau pendant que les autres dorment: des moments magiques où se mêlent pensées, rêves, étoiles, plancton fluorescent et la réalité du bateau qui avance plein Est. La nuit passe au rythme de ces changements de quart. La vie à bord a trouvé son rythme, une cadence très loin d'être infernale, un rythme à la mesure d'une météo très tranquille peut-être un peu trop car le vent manque...

Pourtant quelques dauphins étaient venus nous accueillir aux premières lueurs et jouer avec l'étrave du bateau, nous annonçant une belle journée. Débutant par un bruit de moteur que l'on vient de démarrer à l'aube, sous le vent de Maurice, après une nuit au près serré sous grand voile et génois; moteur auquel on s'habitue et qui n'empêche pas de dormir, de bien dormir, de très bien dormir: il faut pourtant se réveiller: Port Louis nous accueille, il faut trouver la route entre les rouges et les vertes: retour à la civilisation avec ses contraintes, ses obligations, ses horaires, sa paperasse où on apprendra que le sourire n'est pas le bienvenu sur le passeport: empêché de sourire mais pas d'être heureux, heureux de réaliser un rêve (pas un rêve fou, pas un rêve de grand aventurier, juste (!) un rêve d'enfant qui se disait qu'un jour il irait à Maurice en bateau...)! Les douches nous rappellent à la vie sociale, qui s'est, au rythme des quarts, au rythme des vagues, au rythme du bateau bercé, installée à bord sans explications, sans contraintes, sans obligations et autres devoirs dictés: juste une bonne entente sincère efficace et qui tournera tout au long de la semaine.

La suite est une succession de jours, d'heures, de minutes passés sur le Tiloune à la découverte du Nord de notre île hôte où le principal "souci" qui se posera à nous sera de savoir si l'on dort à Peyrébère ou à Grand Baie. Choix cornélien! Les navigations diurnes se font au rythme tranquille d'un vent un peu capricieux qui ne se lève pas très tôt et qui souffle très modestement. On en prend notre partie, et on prend notre temps pour profiter des différents mouillages, le soir pour différencier les apéros: certains connaissent des endroits sympas et d'autres justifient leur savoir-faire.

Les matins, c'est bain!

Puis tracer la route au sens propre du terme: sur la carte, choisir, tracer, calculer, appliquer, prévoir, retrancher, ajouter et partir pour un autre lieu: l'île Maurice vue de la mer est à découvrir: son Peter Both, sa colline aux papayes, son église à Cap Malheureux, son pylône dans le 155°,... autant d'amers qui nous ont fait s'approcher d'elle au plus près sans jamais un brin d'amertume mais avec toujours des yeux brillants de découvertes et de possibles.

Il y a un jeu rigolo à bord de Tiloune, vous le reconnaîtrez facilement, c'est quand le capitaine monte aux barres de flèches, le jeu commence là et finit par une trace à travers une passe, souvent un mouillage, mais pas toujours. Ce jeu nous amène à droite, à gauche, tout droit, et nous en fait voir de toutes les couleurs!

Un autre jeu (immanquable!) est l'animation sextant: rien d'érotique mais une animation alliant le soleil, le point de culmination, l'horizon, un objet appelé sextant (je pense que c'est de là que vient le nom de l'animation) une montre, des calculs (beaucoup de calculs, simples les calculs) et un résultat perturbant: "nous sommes à 10 milles de là - où nous sommes-"). En fait le sextant est un appareil avec des pouvoirs de téléportation: je laisserai aux futurs joueurs le plaisir de nous raconter, nous, on n'a pas très bien compris...

A suivre une anecdote culinaire: l'histoire d'une boîte de pâté bleue essentiellement consommée en Bretagne que j'avais beaucoup mangée sur les côtes bretonnes, en Manche et de temps en temps en Atlantique, mais elle eut un goût particulier entre l'île Plate et le Coin de Mire, quelques-uns feront remarquer que c'est à ce moment précis que quelques gouttes de pluie se joignirent au tableau...Le seul signe météorologique excentrique à noter de la semaine, faut-il expliquer que la météo n'a eu aucun secret pour nous durant la semaine...

La cuisine à bord est plus que respectable, on se souviendra d'un poulet-coco, de spaghettis carbo,  mais aussi d'une boîte de haricots qui fera le tour sans qu'on daigne, ne serait-ce, la regarder.

Et puis ce riz, non pas celui-là, ce ris-là qui a fait travailler ceux qui fourmillent d'idée pour finir par se faire "manger", en tous cas se faire avoir par des plombs qui d'ailleurs n'auront servi qu'à ça car le poisson mauricien se fait rare. Une bosse de ris, donc, remise en place alors que le reste de l'équipage joue aux people dans un hôtel où unanimement il faudra revoir la qualité de l'eau pour obtenir la sixième étoile, mais ce n'est pas bien grave on a bu de la bière locale ou du rhum local... C'était l'happy hour à Balaclava!
Toujours ce temps, ces déclinaisons de temps, de minutes, c'est très prégnant en bateau: tout nous rapporte au temps! Au temps qu'il fait, au temps qui passe!

Et comme la boîte de bonbons arrivait à sa fin, comme on pouvait compter les Carambars sur les doigts d'une main, comme on voyait la boîte de haricots rouges revenir à nous, il était temps de repasser à Port Louis.

La seconde fois; on y va comme si on le connaissait depuis toujours, on connaît, on sait, et on prend le temps (prendre du temps à qui?) de flâner à travers les étals du marché, quelques courses: du pain, des fringues, des cartes, du raisin et voilà le retour annoncé: on ne sera pas ennuyé par une mer calme, on naviguera avec un ris puis grand voile haute puis sous gennéker et après le lever du jour au moteur!

Mais ce que l'on retiendra de ce retour c'est la possibilité de voir le Piton (des Neiges) et le Volcan alors qu'on passait la pointe Sud de Maurice et que le soleil s'en était allé: un moment magique annonçant la fin de l'aventure.

Merci à Claire, Dominique, Jean-Louis, Gilles et Arnaud pour ces moments, ce temps partagés. C'est aussi par eux que l'histoire est belle, que le tour fut ainsi!

Fred

P5100226"Le vent souffle un peu, c'est léger sur une mer calme..."
P5100206"Port Louis nous accueille,"
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"on prend notre temps pour profiter des différents mouillages"
P5070073"sur la carte, choisir, tracer, calculer, appliquer, prévoir, retrancher"

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"de savoir si l'on dort à Peyrébère ou à Grand Baie"
IMAG0001"Les matins, c'est bain!"

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"sa colline aux papayes, son église à Cap Malheureux..."

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P5080164

P5060046"l'île Maurice vue de la mer est à découvrir..."
Merci ! Fred, pour tous tes jolis mots et photos

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